- hypercritique
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⇒HYPERCRITIQUE, subst. et adj.I. — SubstantifA. — Masc. Personne qui exerce une critique outrée, qui ne laisse passer aucune faute. À Charles Lemesle. (Paris, 30 mai 1834) : Maître des hypercritiques, changeons le déjeuner en dîner (BALZAC, Corresp., 1834, p. 506). Nous ne pouvons, à proprement parler, déceler chez nos hypercritiques de vrais paralogismes, ni leur opposer des évidences réellement contraignantes (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 139).B. — Fém. Méthode critique (en philologie ou en histoire) extrêmement ou excessivement minutieuse. Il n'y a pas eu de modes passagères et contradictoires, comme dans la critique philologique, où le balancier oscille entre l'hypercritique et la candeur naïve (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 478) :• ... lorsque la critique de toutes les sources historiques aura été correctement opérée (...), le bon sens commandera de s'arrêter. Mais on ne s'y résignera pas : on raffinera, (...) ceux qui raffineront tomberont fatalement dans l'hypercritique.LANGLOIS, SEIGNOBOS, Introd. ét. hist., 1898, p. 107.II. — Adj. Qui est propre à l'hypercritique (supra B); qui est partisan de l'hypercritique. L'école hypercritique rejette les faits que l'on ne peut pas appuyer sur des documents certains (BARRÈS, Cahiers, t. 7, 1909, p. 298). Le caractère passionné, l'âpreté, l'infinitude des discussions suscitées par de telles hypothèses hypercritiques : on ne parvient pas à s'entendre, à faire partager sa conviction (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 140).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1638 subst. masc. « censeur rigoureux » (MÉNAGE, Requête des dictionnaires à l'Académie ds LITTRÉ); 1690 adj. (FUR.); 2. 1833 subst. fém. « critique minutieuse » (QUINET, Ahasvérus, p. 228). Formé de critique et de hyper-. Bbg. JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 50. - RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 439.
hypercritique [ipɛʀkʀitik] n. et adj.❖♦ Didactique ou littéraire.———1 La lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, monsieur, doit vous valoir le nom d'hypercritique, qu'on donnait à Scaliger. Vous me paraissez bien redoutable (…)Voltaire, Mérope, Réponse de Voltaire à M. de La Lindelle.———II N. f. (1833, E. Quinet, in T. L. F.). Critique minutieuse; exercice systématique du doute. || Les thèses excessives de l'hypercritique dans la question homérique, shakespearienne.2 — Vous étiez prévenu. Seule une « scientificité », dont il fut montré qu'elle figure parmi les formes prétendument pures et les archétypes semi-platoniciens de ce petit monde, interdit à la fois l'intervention et la critique. Selon la démarche suivie dans cet ouvrage (qui tente de faire le point, de déterminer une orientation et d'ouvrir un horizon), la connaissance scientifique inclut et l'action et la critique et le combat théorique. Au surplus, l'hypercritique vaut mieux que l'absence de critique.Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 351.———III Adj. (1789). Très, trop critique. || « Journal hypercritique » (C. Desmoulins, 1789, in Brunot, H. L. F., t. IX, p. 807).
Encyclopédie Universelle. 2012.